Face à la montée des eaux, les Pays-Bas réagissent

Un reportage du magazine Géo en janvier 2019, présenté par le photographe Valerio Vincenzo : une vidéo très intéressante à lire ici (4 minutes).

Les Pays-Bas sont en première ligne face à la montée des eaux. Le niveau de la mer du Nord pourrait, selon une étude publiée fin 2017 par des chercheurs de l’université d’Utrecht, s’accroître d’un mètre à un mètre cinquante d’ici à 2100. Le péril vient aussi des fleuves, tels la Meuse et l’Escaut qui se déversent depuis la Belgique et la France. Et surtout le Rhin, qui forme la voie navigable la plus empruntée d’Europe, avec 500 péniches par jour en moyenne.

Quant à la menace du ciel, les relevés de l’Office néerlandais de l’eau sont alarmants : depuis 1910, à cause du changement climatique, la fréquence des précipitations dans le pays a bondi de 25 %, et cela ne devrait pas aller en s’arrangeant…

Pourtant, tout n’est pas si sombre. Notre photographe Valerio Vincenzo connaît bien les Pays-Bas. Et pour cause, il a vécu trois ans dans ce royaume qui ne recule jamais devant les grands travaux quand il s’agit de s’adapter aux caprices des fleuves et de la mer.

Pour lui, aucun doute : les Hollandais nous donnent des raisons d’espérer. « Ils ne sont pas catastrophistes ! Le réchauffement climatique, ils l’ont intégré. Ils s’adaptent et cherchent des solutions. » Iles artificielles, ponts flambant neufs, fermes flottantes, intégration des digues dans le paysage…

Les Néerlandais investissent, expérimentent, bâtissent, remodèlent encore et encore leur territoire. A leur manière, ils sont en train de repenser l’avenir de la planète. Et font figure de modèle pour le monde.

Extraits du diaporama présenté par le magazine Géo :

Bol d’air sur le polder
L’Eendragtspolder, situé dans le sud-ouest des Pays-Bas, non loin de Rotterdam, est emblématique du combat séculaire mené par les Hollandais pour dompter les éléments et grignoter de l’espace vital. Ce polder a été aménagé pour la première fois au début du XVIIIe siècle, et fut maintes fois agrandi et remanié. Longtemps, moulins, écluses et barrages ont ainsi permis de canaliser l’eau. Mais avec le temps, les bassins de l’Eendragtspolder se sont envasés. Et chaque hiver, les crues de la Rotte, un affluent de la Meuse, inondaient la zone. Le site a donc été totalement repensé en 2013. Il est depuis doté de longues promenades, d’aires de pique-nique, de postes d’observation des oiseaux et de pistes cyclables.
Photo 1/20© Valerio Vincenzo / GEO
Mikado géant
Ces bambins profitent d’une aire de jeux conçue au sein de l’Eendragtspolder. Ajouts de canaux, dragage des anciens bassins, refonte du réseau d’écluses… Depuis cinq ans, ce vieux polder jadis dédié à l’agriculture s’est métamorphosé en base de loisirs. Le site s’organise désormais autour d’un immense bassin qui, en cas de grosses précipitations, sert de réceptacle au trop-plein d’eau, et, par beau temps, permet de pratiquer l’aviron. Plusieurs compétitions internationales s’y sont déjà déroulées, dont le championnat du monde, à l’été 2016.
Photo 2/20© Valerio Vincenzo / GEOde
Gagner du terrain sur la mer
Gagner du terrain sur la mer. Des circuits en bateau permettent aux touristes d’admirer l’exploit : le port de Rotterdam aura bientôt 20 km² de plus grâce à des quantités folles de sable prélevées au large. Il pourra alors accueillir et décharger les plus grands porte-conteneurs du monde.
Photo 11/20© Valerio Vincenzo / GEO
Inventer les protections de demain
Inventer les protections de demain. A Delft, on simule la puissance de la mer avec Delta Flume, la plus grande machine à vagues de la planète. Ici, une digue plantée d’arbres va bientôt tenter de résister à des lames de 4,5 m.
Photo 12/20© Valerio Vincenzo / GEO
Apprendre à dompter crues et marées
Apprendre à dompter crues et marées. L’élite scientifique du pays est mobilisée. A l’aide d’encre violette projetée sur des plaques en plastique, cet élève de l’université de technologie de Delft, la faculté la plus prestigieuse pour les métiers de l’eau, étudie les courants qui risquent de mettre à mal la stabilité d’un barrage.
Photo 14/20© Valerio Vincenzo / GEO
Surtout, ne pas paniquer
Surtout, ne pas paniquer. Gérer les vêtements qui entravent les mouvements et pèsent soudain si lourd… Depuis que l’Etat a initié les cours de natation habillée (ici, près de La Haye) dans les années 1980, 15 millions de Néerlandais – sur 17 – se sont portés volontaires et ont obtenu leur brevet.
Photo 15/20© Valerio Vincenzo / GEO
Intégrer les digues dans le paysage
Intégrer les digues dans le paysage. Chaque nuit, l’Afsluitdijk, cette sentinelle de béton de 32 km qui, depuis 1932, barre la mer des Wadden tout en servant d’autoroute, devient une œuvre d’art futuriste : en 2017, un artiste a installé sur les écluses des prismes qui réfléchissent la lumière des voitures.
Photo 16/20© Valerio Vincenzo / GEO
Réinventer les villes
Réinventer les villes. Après avoir combattu l’eau pendant des siècles, les Néerlandais cohabitent avec elle désormais, à IJburg notamment, avec ce lotissement d’une centaine de maisons flottantes aménagé à partir de 1996 dans l’est d’Amsterdam. Photo 19 @Valeria Vincenzo / GEO

En savoir plus : un reportage de Sébastien Desurmont (texte) et Valerio Vincenzo (photos) à découvrir dans le magazine GEO de janvier 2019 (n° 479, Cap-Vert)

Géo janvier 2019.jpg

Et le site du photographe Valerio Vincenzo, qui expose actuellement un travail sur les frontières.