Les flux de camions entre le continent et la Grande-Bretagne s’organiseront-ils différemment après le Brexit ? Comment le trafic va-t-il se répartir entre les ports français et les ports belges et hollandais ? La date officielle du Brexit est prévue pour le 29 mars 2019, un Brexit « sans accord » semble se profiler. L’incertitude qui entoure les négociations est source de tensions et les acteurs économiques ainsi que les élus locaux se mobilisent pour défendre l’activité et les intérêts de « leur » littoral.

Avec le retour de contrôles douaniers plus poussés à la frontière, on craint l’apparition d’embouteillages monstres dans le port de Calais par exemple, par où passent de nombreux poids-lourds à destination ou en provenance de la Grande-Bretagne. Les autorités du port ont donc investi massivement dans la création de nouveaux parkings pour anticiper.
Autre secteur très concerné : le monde de la pêche. Les pêcheurs français pêchent entre 60% et 100% du temps dans les eaux territoriales britanniques, les plus poissonneuses en Europe. Or le Brexit pourrait se traduire par une « nationalisation » des eaux territoriales britanniques, qui se fermeraient aux pêcheurs étrangers, obligés alors de se rabattre sur des zones de pêche plus petites et aux ressources moins abondantes : d’où des risques de conflits et de surexploitation des ressources.
En jeu également, à terre cette fois : toute la filière productive liée à la pêche. A Boulogne, 1er port de pêche français en tonnage (devant Lorient), 32 000 tonnes de poisson débarquent chaque année. Mais les usines qui travaillent le poisson en traitent beaucoup plus : autour de 350 000 tonnes par an. C’est l’activité de l’espace Capécure, véritable cité industrielle du poisson dans le port de Boulogne-sur-mer. Capécure est aujourd’hui le premier centre européen de transformation et de distribution des produits de la mer. Ici, on transforme, on conditionne puis on distribue vers la France et l’Europe du Sud près de 350 000 tonnes de poissons par an, dont une bonne partie vient des îles britanniques par camion, en passant par le tunnel sous la Manche.
Un Brexit sans accord engendrerait un retour de taxes douanières, de contrôles sanitaires et vétérinaires sur place, d’où des délais supplémentaires qui sont perçus comme un risque majeur pour la filière.
Nicolas Margollé, patron boulonnais du chalutier « Nicolas et Jérémy » interviewé par France Info, résume bien les inquiétudes du monde de la pêche dans les Hauts-de-France : « Ce sera la mort », assène-t-il. « La mort d’une filière, que ce soit en mer ou à terre, la mort d’un littoral. C’est une catastrophe. »

