En 2016, Ouest-France publie « A la découverte des grands ports du monde avec Tintin ».
Voici comment le quotidien présentait ce hors-série dans un article intitulé « De port en port, Tintin s’ancre dans la réalité », le 4 octobre 2016.
Extraits :
Tintin, voyageur des mers
Malin, Hergé. À une époque où les gens voyagent peu, il envoie son jeune reporter sillonner les mers du monde et faire rêver ses lecteurs. Notre hors-série invite à découvrir ces lieux mythiques, réels ou imaginés, sous la plume de journalistes passionnés et de tintinologues avertis. Il permet de relire l’œuvre d’Hergé, honoré en ce moment au Grand Palais à Paris, à travers le prisme maritime et portuaire. À l’âge d’or de l’histoire de la marine.
Saint-Nazaire, ville ressuscitée
L’association nazairienne des 7 soleils s’est fixé une noble mission : perpétuer le souvenir du passage de Tintin, Haddock et Milou à Saint-Nazaire, dans Les 7 Boules de cristal. Son président, Jean-Claude Chemin, a une jolie formule : « En octobre 1946, dans un temps qui n’existe pas, Tintin et Haddock entrent dans une ville qui n’existe plus. » Saint-Nazaire a en effet été détruite à 85 % par les bombes américaines en 1943. Une base de sous-marins allemands a recouvert comme une pierre tombale le quai des paquebots et la légende transatlantique qui va avec. Hergé ressuscite donc le Saint-Nazaire d’avant-guerre, celui qui vibre au rythme du Normandie, construit de janvier 1931 à mai 1935. Avant d’accueillir à plusieurs reprises un passager prestigieux : Tintin.
Anvers, port modèle
La plus grande partie de la documentation utilisée par Hergé pour dessiner les ports est constituée de plans, photos, cartes postales et dessins issus du site flamand. « Hergé prend dans les sources ce qui l’arrange bien. Il mélange les éléments parce que c’est plus joli, plus attractif, plus graphique », confie Dominique Maricq, archiviste des studios Hergé. Le père de Tintin s’appuie aussi sur son complice Bob de Moor, qui connaît le domaine maritime comme sa poche. En 1956, les deux compères effectuent même une traversée entre Anvers et Göteborg (Suède) pour enrichir leur documentation.
Shanghaï, ville imaginaire
Magnifique paradoxe : le Shanghaï du Lotus bleu s’inscrit pleinement dans l’imaginaire d’Hergé, mais respire l’authenticité. D’autres ports s’ancrent dans une réalité historique ou géographique. Port-Saïd (Les Cigares du Pharaon) épouse l’histoire du canal de Suez ; Djibouti (Coke en stock) est au carrefour de trois continents ; Matadi (Tintin au Congo) est la porte d’entrée d’un pays alors colonisé par la Belgique. L’hebdomadaire Le Petit Vingtième espéra même, en secret, que l’album encouragerait des vocations coloniales chez ses jeunes lecteurs belges…
L’activité d’Ostende, La Rochelle, Marseille, Chicago, New York et Callao (au Pérou) est aussi passée au crible de notre hors-série.
Wadesha, destination fantasque
Le caractère potache d’Hergé surgit dans les noms de ports imaginaires, comme Bagghar (Le Crabe aux pinces d’or), utilisé pour le simple plaisir de la sonorité, ou Wadesha (Tintin au pays de l’or noir). En bruxellois, Wadesha est l’équivalent du What is it ? anglais (« Qu’est-ce que c’est ? »). Quant au port de Kiltoch, dans L’île noire, c’est simplement l’assemblage de deux mots bien écossais, kilt et loch.
Haddock, vrai marin
Homme aux ardentes colères, le capitaine a popularisé l’expression « Tonnerre de Brest ». Une référence aux coups de canon tirés pour alerter la population quand une évasion survenait au bagne de Brest. Ce que révèle aussi notre hors-série, c’est l’existence d’authentiques marins portant le nom du capitaine !

Pour aller plus loin sur le port de Saint-Nazaire vu à travers l’oeuvre d’Hergé :
- cette brochure passionnante éditée par l’association locale Les 7 soleils
- et cet article « Mais que fait Tintin à Saint-Nazaire ? » sur le site tintinophile Tintinomania (d’où vient également la vidéo en haut de l’article).
Extraits :
En 1986 Jean-Claude Chemin crée l’association Les 7 soleils. Son idée, « faire revivre le passage de Tintin à Saint-Nazaire. Une manière de faire renaître le passé de cette ville », confiait-il alors. Comment ? En reproduisant les vignettes de la BD et en les implantant là où Hergé a dessiné les scènes. L’affaire n’a pas été simple. Il a fallu convaincre la fondation Hergé et Moulinsart SA, très tatillons sur le patrimoine « Tintin ». Trouver des sous aussi. Trois ans après le gros succès d’une exposition consacrée à Tintin en 1992, Saint-Nazaire accueillait sa vignette grand format, premier jalon d’un parcours en six étapes, dans les pas du reporter. Trois agrandissements seront installés en 1995 et 1996, deux en 2003, le dernier en 2004. C’est ainsi que l’on retrouve Tintin à l’entrée de la ville, près de la gare, puis à Penhoët, rue des Chantiers, près du pont du Pertuis, dans la base sous-marine et quai du commerce. Le périple se termine par la table d’orientation, au pied du Vieux Môle au Petit Maroc. Imaginée par le plasticien Jérôme Besseau et construite à la cité scolaire et à l’Afpa, elle réunit depuis 2010 les 12 autres ports réels et deux lieux maritimes imaginaires visités par Tintin. Depuis quelques années l’office de tourisme édite un petit document traduit en espagnol, allemand et anglais, permettant de faire la balade.
