COVID-19 au Nunavut : l’exception avant l’explosion ?

Un article de Radio Canada International, publié le 1er avril 2020 : « COVID-19 : le Nunavut, l’exception avant l’explosion ? »

Extraits :

« L’un des derniers territoires du monde à échapper à la pandémie se trouve au Canada. De tous les territoires et les provinces, le Nunavut est le seul à n’avoir rapporté aucun cas d’infection à la COVID-19. Mais si la situation devait changer, ce territoire pourrait être frappé beaucoup plus durement qu’ailleurs. Explications.

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Apex est une communauté rattachée à Iqaluit, la capitale du Nunavut.
PHOTO : RADIO-CANADA / MARC GODBOUT

Quand Joe Savikataaq prend la parole en inuktitut, 25 communautés attendent nerveusement ses premiers mots.

Il suit le rythme de nombreux autres premiers ministres au pays : tous les jours à la même heure, en direct d’Iqaluit, il fait le point sur la situation au Nunavut. Mais il est un des rares à pouvoir encore offrir un portrait encourageant.

Je suis heureux de pouvoir répéter qu’aucun cas de COVID-19 n’a encore été confirmé au Nunavut et je suis très heureux de le dire, a-t-il encore pu annoncer hier.

Les gens me demandent sans cesse pourquoi le Nunavut est le dernier territoire à ne pas avoir de cas confirmé. Je ne sais pas trop quoi leur répondre.

Joe Savikataaq et son gouvernement savent, par contre, qu’un seul cas suffirait à allumer la mèche.

Le Nunavut n’est accessible au reste du Canada que par voie aérienne. Depuis la semaine dernière, le gouvernement territorial mise sur une stratégie très rigide.

Ses propres résidents qui se trouvent à l’extérieur du territoire sont interdits de séjour. Avant d’y remettre les pieds, ils doivent s’isoler dans des hôtels situés dans quatre villes : Ottawa, Winnipeg, Edmonton et Yellowknife.

Des agents de sécurité montent la garde pour s’assurer qu’ils restent dans leur chambre et respectent la quarantaine. Après 14 jours, les résidents asymptomatiques obtiendront la permission de rentrer dans leur localité sous haute surveillance et par vol nolisé.

Très peu d’exceptions sont accordées. Cette exigence vaut autant pour ceux et celles qui s’étaient déplacés pour des raisons de santé que pour les étudiants qui se trouvent dans le sud du pays.

Le médecin-hygiéniste en chef du territoire, Michael Patterson, a demandé à la population de se préparer et d’agir comme s’il s’agissait d’un piqsiq, c’est-à-dire un blizzard.

Ce sera un très long blizzard, mais c’est le moyen de nous protéger contre la propagation de la maladie, insiste-t-il.

L'affiche explique le concept de distanciation sociale.
Une affiche produite par l’Inuit Tapiriit Kanatami indique aux Inuits, en inuktitut et en inuinnaqtun, de respecter la distance de deux mètres.
PHOTO : ITK

 

Environ 39 000 personnes vivent au Nunavut et 85 % de ses résidents sont des Inuit. Un seul cas de la COVID-19 pourrait être dévastateur et avoir des conséquences qui vont au-delà de ce qui se passe dans les zones urbaines densément peuplées du sud.

La population du Nunavut est l’une des plus vulnérables au pays. L’auto-isolement, une des mesures clés contre la propagation du virus, se bute à une difficile réalité. Les communautés sont confrontées à des pénuries de logements. Il n’est pas rare de voir une dizaine de personnes partager une même demeure.

Des lits s'empilent dans un dortoir de centre d'accueil pour sans-abri.
Des lits dans un centre d’accueil pour sans-abri à Iqaluit.
PHOTO : RADIO-CANADA / MARC GODBOUT

 

Autre grande préoccupation, le Nunavut est reconnu pour avoir un taux de maladies respiratoires beaucoup plus élevé que dans le reste du Canada. Asthme, tuberculose, bronchiolite, emphysème et pneumonie sont chose courante. »

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