« Je porte en moi tous les paysages, j’ai tout l’espace voulu » (Etty Hillesum)

« Je porte en moi tous les paysages, j’ai tout l’espace voulu », écrit Etty Hillesum depuis le camp de Westerbork (Pays-Bas), à partir duquel elle fut déportée vers Auschwitz, où elle est morte en novembre 1943, à l’âge de 29 ans.

Les écrits d’Etty Hillesum furent publiés pour la première fois en 1981. Ils comportent le journal que cette jeune juive hollandaise a rédigé durant les trois années qui ont précédé sa déportation, ainsi que des lettres, et traduisent une intense vie spirituelle.

« Les plus larges fleuves s’engouffrent en moi, les plus hautes montagnes se dressent en moi. Derrière les broussailles entremêlées de mes angoisses et de mes désarrois s’étendent les vastes plaines, le plat pays de ma paix et de mon abandon. Il y a toutes sortes de paysages en moi. J’ai tout l’espace voulu. En moi est la terre et en moi le ciel. Et que l’enfer soit une invention des hommes m’apparaît avec une évidence totale. Je ne vivrai plus jamais mon enfer personnel- je l’ai vécu suffisamment autrefois, j’ai pris de l’avance pour toute une vie – mais je puis vivre très intensément l’enfer des autres. Il le faut, d’ailleurs, si l’on ne veut pas verser dans l’autosatisfaction. »

Etty Hillesum, Journal, 9 octobre 1942