Cette carte de l’excellent cartographe Julien Bousac intitulée « Carte physique muette » (2011) présente à la même échelle les 10,2 millions de km2 de la Zone Economique Exclusive française, la France d’Outremer et le territoire métropolitain.


Voici comment elle est présentée dans l’ouvrage Mappa Insulae, publié par le collectif Stevenson aux éditions Parenthèses en 2019 :
« Tout le monde connaît la carte de France. Un hexagone remplit l’espace ; un encadré en bas à droite place la Corse à trois encablures de Toulon ; une série de petits cadres bien alignés (en bas à gauche généralement) figurent les départements d’outre-mer, DOM : Martinique, Guadeloupe, Guyane, La Réunion et plus rarement Mayotte : confettis d’égale étendue.
Qu’importe si en réalité la Corse frôle plutôt la côte italienne. Si la superficie de la Guyane équivaut à presque 1/6 de celle de l’Hexagone, c’est-à-dire 74 fois celle de la Martinique. Ou si la Réunion est dix fois plus étendue que Mayotte.
Voici donc enfin la carte, la véritable carte de France. Celle qui inclut tous les territoires sous souveraineté française, étendue aux limites des zones économiques exclusives (ZEE), où chaque territoire est représenté à une échelle unique. Dépaysement assuré ! ».
Pour en savoir plus sur les ZEE (et la ZEE française en particulier) : un article publié en 2017 sur Géoconfluences, intitulé « Mesurer les Zones Economiques Exclusives. Jean-Benoît Bouron y présente la complexité de la délimitation des ZEE (il explique ainsi la différence entre la superficie de 10,2 millions de kilomètres carrés (le chiffre officiel retenu par le SHOM) et le chiffre de 11 millions de kilomètres carrés, que l’on retrouve souvent dans les médias) et rappelle que les ZEE sont souvent considérées, parfois de façon excessive, comme l’un des domaine de la puissance d’un Etat. On comprend que leur délimitation soit porteuse d’enjeux géopolitiques.
Ces infographies publiées par Le Monde en août 2019 rappellent les principes fixés par la Convention de Montego Bay (1982) :
Les limites des ZEE françaises ont été fixées officiellement par décret en septembre 2015. La France a déposé devant la Commission des Limites du Plateau Continental de l’ONU plusieurs demandes visant à étendre encore sa ZEE dans l’océan pacifique ( en Polynésie française, en Nouvelle-Calédonie, à Wallis et Futuna) mais aussi au sud de l’océan indien (autour des îles de Crozet, St Paul et Amsterdam qui font partie des TAAF), ainsi qu’à St-Pierre et Miquelon dans l’Atlantique Nord.
Un des enjeux : la protection de la biodiversité. Le gouvernement français a annoncé vouloir protéger 30% des eaux et du territoire national d’ici à 2022 dont un tiers en pleine naturalité c’est à dire avec un statut de protection forte (type réserve naturelle). Cet objectif très ambitieux est suivi de près par le réseau des Aires marines protégées, au sein de l’Office français de la Biodiversité.
La création et la réglementation de nouvelles aires marines protégées n’est pas toujours simple. Certes, « décréter une vaste Aire Marine Protégée dans une région du monde inhabitée s’avère moins sensible que de mettre en place un petit parc marin sur le littoral de métropole avec l’assentiment des multiples acteurs impliqués : pêcheurs industriels ou de loisir, pro- et anti-éoliennes offshore, conchyliculteurs, gestionnaires de port, professionnels du tourisme, défenseurs de l’environnement, extracteurs de sable coquillier et quelques autres » écrivait la journaliste du Monde Martine Valo in Des aires marines classées, mais pas assez protégées le 22 octobre 2019.
Les espaces maritimes situés au sein de la ZEE française font ainsi l’objet de statuts et réglementations multiples, qui cherchent à concilier les enjeux entre protection de la biodiversité et exploitation des ressources.
« La gigantesque réserve nationale naturelle des TAAF, par exemple, a été étendue en 2016 pour atteindre plus de 1,5 million de km2… mais la pêche n’y est interdite que dans 120 000 km2. Quant au parc naturel marin de la mer de Corail – l’un des plus grands du monde –, créé en Nouvelle-Calédonie en 2014, il ne réglemente ni la pêche, ni l’extraction de minerai, ni les gros bâtiments de croisière, hormis dans quelques réserves de taille limitée. » (Le Monde, 22 octobre 2019).
Pour en savoir plus :
- les différentes catégories d’aires marines protégées
- la liste et la présentation des 9 parcs naturels marins français