Auteuil Neuilly Passy, Les Inconnus (1991)

Les beaux quartiers de l’aire urbaine parisienne vus par les humoristes Didier Bourdon, Bernard Campan et Pascal Légitimus, « Les Inconnus », en 1991. Sous-titré « Rap BCBG », ce titre (3 minutes 20) détourne la notion de ghetto, comme le feront en 2007 les sociologues Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot dans leur essai Les ghettos du gotha, sous-titré Comment la bourgeoisie défend ses espaces.

Pour en savoir plus : le point sur la notion de ghetto ici sur Géoconfluences.

A découvrir aussi : un dossier très intéressant de la revue Urbanité intitulé « la ville bling bling », publié en 2015.

Voici comment Louis Maurin présentait Les ghettos du gotha, Seuil, 2007, de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot dans la revue Alternatives Economiques :

Les habitués des ouvrages de Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot ne seront pas déçus. Les deux sociologues continuent leur entreprise de démontage des mécanismes par lesquels la haute bourgeoisie se mobilise pour défendre ses positions. L’intérêt premier de ce nouvel ouvrage est d’aller plus loin dans la description de la manière avec laquelle ces couches sociales protègent leur territoire, de Neuilly-sur-Seine aux châteaux de Normandie.

Les auteurs détaillent les formes d’un militantisme d’un autre type, celui des couches sociales fortement organisées en associations de défense reliées entre elles, qui savent s’appuyer sur des réseaux économiques et politiques puissants. Les auteurs montrent bien comment, derrière un discours libéral individualiste, se cachent des pratiques collectives qui démultiplient les forces. Si les syndicats peinent à réunir des militants, on ne peut en dire autant des cercles (Jockey club, Union interalliée, etc.) ou des associations comme la Demeure historique (défense des châtelains), le Comité Vendôme (de la place du même nom à Paris) ou la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France…

L’autre intérêt du livre, c’est, en creux, d’illustrer la vacuité de la sociologie française sur le haut de la hiérarchie sociale. Comme le notent les auteurs, il est plus facile de travailler sur les jardins ouvriers que sur ceux de la haute bourgeoisie. Parce que les crédits de recherche font défaut, mais aussi parce que les sociologues se retrouvent alors en position de  » dominés « , parfois peu confortable.