Des croquis et un article détaillé à retrouver sur Géoconfluences.
Extrait de l’introduction :
- Quand il chante avec Alicia Keys « New York, the Empire State of Mind » [1], le rappeur Jay-Z égrène tous les hauts lieux de la ville globale : l’Empire State Building et autres gratte-ciels emblématiques de la skyline, Wall Street, ou encore Times Square – tous situés dans le cœur historique de New York City. Il mentionne également Brooklyn, dont il est originaire, ainsi que d’autres quartiers périphériques, pour en montrer la vie de rue – dans ses dimensions ethniques, artistiques, mais aussi illégales. Cette chanson internationalement connue illustre les deux faces d’une même ville : la puissance et le rayonnement d’une part, les difficultés et la ségrégation sociale, raciale et spatiale d’autre part. La ville globale (Sassen, 1991) est en effet duale [2] : non seulement s’y côtoient les personnes aux plus hauts postes et revenus et les personnes les plus fragiles socialement et financièrement, mais de plus, l’ensemble forme un système interdépendant, les seconds étant au service des premiers.
- Ce qui est vrai des groupes sociaux l’est aussi des espaces : si Manhattan concentre toute la lumière, son développement ne peut être pensé indépendamment des quatre autres boroughs [3] constitutifs de la ville de New York : Brooklyn, Queens, Bronx et Staten Island. Comme de nombreux cœurs d’agglomération états-uniens, New York City a été affectée par des difficultés urbaines dans les années 1960-70, avant de se relever depuis les années 1990 (Greenberg, 2008). Elle affiche aujourd’hui un essor économique, culturel et urbain réaffirmé une fois passé le traumatisme du 11-Septembre, comme en atteste la vitalité de son marché immobilier, véritable moteur de croissance. On peut alors se demander dans quelle mesure ce dynamisme retrouvé alimente ou bien diminue l’écart entre les espaces les plus pauvres et les espaces les plus riches de la ville. Si New York exemplifie la ville néolibérale (Hackworth, 2006), où les forces du marché jouent à plein, elle se caractérise aussi par la densité exceptionnelle et le dynamisme de ses organisations communautaires, porteuses d’initiatives endogènes en termes d’aménagement urbain (Angotti, 2008).