Un rapport du Service américain des Parcs Nationaux, publié fin novembre 2021, estime qu’entre l’incendie Castel en 2020 et les feux Windy et KNP en 2021, la Californie a perdu plus de 10 000 de ses plus grands spécimens de séquoias géants. Ces arbres ont pour la plupart 500 ans ou plus, et leur tronc fait au moins 1,20 mètres de diamètre.


(Al Seib / Los Angeles Times)
Le National Geographic publie ici un reportage intitulé « Le Parc des sequoias géants menacé par le réchauffement climatique ».
Extrait :
« On les pensait indestructibles. Les mythiques séquoias géants du parc national des Séquoias avaient résisté depuis des siècles (3 200 ans pour les plus vieux) à toutes les agressions. Hivers rigoureux, incendies, foudre… Mais, aujourd’hui, ces super-héros à l’écorce rouge sont menacés.

Depuis 2014, les biologistes s’inquiètent des sécheresses à répétition, conséquence du réchauffement climatique, et traquent les moindres signes de stress. Régulièrement, ils enfilent leur panoplie d’escalade et montent à la cime de ces arbres, hauts comme des immeubles de trente étages. C’est au sommet, là où il y a le plus de lumière, que se concentre l’activité physiologique du végétal et que se développent les nouveaux feuillages. Les scientifiques y placent des capteurs d’humidité et effectuent des prélèvements.

Photographie de Harald Sund/Getty images
« Il y a quatre ans, nous avons repéré un phénomène inédit, explique le biologiste Nathan Stephenson, qui dirige le Centre de recherche écologique sur l’Ouest américain (WERC), basé dans le parc. Les feuilles étaient recouvertes de taches brunes, signe de dépérissement. C’est une façon intelligente pour les séquoias de répondre à la sécheresse : pour économiser l’eau et survivre, ils ont sacrifié certaines feuilles. »
Depuis, le phénomène ne s’est pas reproduit. Mais une autre observation préoccupe les chercheurs. Lors des dernières années, toujours à cause des canicules, une quinzaine de spécimens se sont écroulés, morts de soif. Les scientifiques ont beau plonger dans les archives du parc, protégé depuis 1890, aucune catastrophe comparable ne s’était jamais produite.
Même les exploitants qui en voulaient à leur bois, au XIXe siècle, n’avaient pas pu vaincre ces mastodontes. Ils avaient renoncé face au travail titanesque que constituait l’abattage. Pour comprendre, il suffit de jeter un oeil aux mensurations de General Sherman, considéré comme l’organisme vivant le plus volumineux de la planète : 83,8 m de hauteur, pour un tronc de 10 m de diamètre en moyenne et des branches pouvant atteindre 2 m de diamètre. »
