En 2019-2020, le musée des Archives Nationales présentait une magnifique exposition, dont vous pouvez retrouver des extraits commentés ici : Quand les artistes dessinaient les cartes – Vues et figures de l’espace français, Moyen-Age Renaissance.
L’historienne Juliette Dumasy-Rabineau, une des commissaires de l’exposition, présente l’exposition ici sur France Culture(un podcast de 20 minutes).
Extrait de la présentation de l’exposition sur le site des Archives Nationales :
« Les dépôts d’archives et les bibliothèques conservent un grand nombre de cartes, plans et vues de territoires pour l’ensemble de la France réalisés entre 1300 et 1600, qui donnent à voir, littéralement, les paysages de la France de cette époque. L’exposition en présentera les plus beaux exemples connus.
Ces « figures » (comme on les appelait à l’époque) sont spectaculaires : manuscrites, peintes sur du parchemin, parfois de très grand format (certaines font plus de 5 mètres de long), elles sont finement dessinées, joliment colorées, abondamment annotées, indéniablement pittoresques. Elles sont aussi très variées. De fait, la plupart ont été faites par des artistes, parfois parmi les plus renommés de leur époque : Léonard de Vinci, Bernard Palissy, Jean Cousin… Précédant la mise au point des normes et outils cartographiques « modernes », les auteurs ont usé de procédés originaux pour restituer l’espace : relevé empirique et observation du terrain depuis un point élevé (clocher, éminence), représentation des lieux en plan ou en perspective, par vue panoramique, aérienne ou plongeante. Elles se trouvent ainsi au confluent de l’art et de la cartographie dont l’évolution, à la même période, vers la construction mathématique et le support imprimé sera aussi évoquée.
Assez curieusement, aucune de ces cartes n’était faite pour montrer le chemin d’un lieu à un autre ou pour guider le voyageur. Faites à la demande de commanditaires prestigieux (rois, princes, abbayes, villes), elles étaient liées à des pratiques de gouvernement. Elles délimitaient une frontière ou des droits, aidaient à trancher des procès, illustraient des travaux d’aménagement, appuyaient des opérations militaires, décrivaient des événements historiques, cataloguaient des possessions ou célébraient l’identité d’un lieu ou d’un territoire. Ces usages expliquent le souci d’exactitude et de véracité du dessin, mais aussi parfois certaines déformations ou occultations de la réalité. »