Avec leur reportage « Arctique : nouvelle frontière« , les photographes Yuri Kozyrev et Kadir van Lohuizen ont remporté en 2018 le prix Carmignac du photojournalisme.
L’objectif des deux photographes, qui ont travaillé l’un en Russie et l’autre au Spitzberg, Groenland, Canada et Alaska, était de documenter les profonds bouleversements provoqués par le réchauffement climatique dans les régions de l’Arctique.
Leurs photos ont donné lieu à un livre (Nouvelle frontière – Une double expédition polaire, coédité par Reliefs / Fondation Carmignac, 2018), un film, et ont fait l’objet de nombreux articles dans la presse internationale.
En voici quelques-unes, présentées par le magazine Géo de novembre 2018.

En ce mois de juin, l’Amundsen se fraie prudemment un passage à travers la banquise qui recouvre encore la baie d’Hudson. Ce navire de la garde-côtière canadienne, chargé de surveiller le trafic maritime dans une zone immense, est aussi équipé pour accueillir des scientifiques. Chaque année, une cinquantaine de chercheurs – glaciologues, biologistes, océanographes… – originaires de différents pays monte à son bord.
Photo © Kadir van Lohuizen / NOOR for the Carmignac Foundation

Bienvenue à Oqaatsut, un hameau d’une cinquantaine d’habitants, sur la côte ouest du Groenland. Cette petite communauté a longtemps vécu de la chasse aux mammifères marins – phoques, baleines… Mais à cause du réchauffement climatique, la banquise ne cesse de reculer, et la glace devient de plus en plus instable, ce qui rend la traque des animaux marins de plus en plus difficile.
Photo © Kadir van Lohuizen / NOOR for the Carmignac Foundation

L’Amundsen est en pleine patrouille. Ce navire de la garde côtière canadienne doit ravitailler les communautés arctiques isolées le long de 162 000 km de côtes, contrôler le trafic maritime, en hausse constante, et, si besoin, opérer des sauvetages en mer. Une tâche difficile vu la taille de la zone à couvrir. Sans compter la dangerosité de ces eaux où abondent les glaces dérivantes.
Photo © Kadir van Lohuizen / Noor pour la Fondation Carmignac

Photo © Yuri Kozyrev / Noor pour la Fondation Carmignac

Cet important gisement est connu depuis les années 1960 mais n’est pleinement exploité que depuis 2011. Un pipeline de 105 km de long a été construit pour acheminer le pétrole jusqu’à un terminal établi à l’embouchure de l’Ob.
Photo © Yuri Kozyrev / Noor pour la Fondation Carmignac

Le Shturman Malygin est en train d’être chargé de pétrole avant de traverser le golfe de l’Ob. Pour transporter les hydrocarbures extraits du champ de Novoportoyskoye, les Russes se sont dotés d’une flotte de six pétroliers capables, comme celui-ci, de percer des glaces de 1,8 m d’épaisseur.
Photo © Yuri Kozyrev / Noor pour la Fondation Carmignac

Le Monchegorsk, propriété de la compagnie minière Norilsk Nickel, fend les flots sombres de la mer de Kara. En 2010, ce cargo russe de 169 m de long a été le premier au monde à traverser l’Arctique via le passage du Nord-Est, de Mourmansk à Shanghai, sans l’assistance d’un brise-glace, et en à peine un mois.
Photo © Yuri Kozyrev / Noor pour la Fondation Carmignac

Longtemps considéré comme trop coûteux à exploiter en raison de l’éloignement géographique et des conditions climatiques, l’immense champ de gaz de Bovanenkovo est en opération depuis 2012. Il est doté de colossales infrastructures, dont un aéroport.
Photo © Yuri Kozyrev / Noor pour la Fondation Carmignac

A la fin de l’été, des hélicoptères affrétés par les autorités russes convoient les enfants nenets jusqu’à leur pensionnat. Ecoles, aides médicales, logements subventionnés… Vladimir Poutine, qui a fait des hydrocarbures de l’Arctique sa priorité, multiplie les faveurs aux nomades pour les inciter à se sédentariser.
Photo © Yuri Kozyrev / Noor pour la Fondation Carmignac

L’implantation de forages et de pipelines dans la péninsule de Yamal pose problème aux 40 000 Nenets éleveurs de rennes (ici, en train d’installer leurs tentes, appelées tchoums) : les couloirs de transhumance sont perturbés et les zones de pâture s’amenuisent.
Photo © Yuri Kozyrev / Noor pour la Fondation Carmignac

Des hivers sans le moindre rayon de soleil, des températures qui peuvent chuter à – 50 °C… Comme les 3 000 autres employés du site gazier de Bovanenkovo, ce Russe fait des cures d’UV, de vitamine D et d’oxygène. Seul avantage à s’exiler au-delà du 66e parallèle ? Le salaire, de deux à trois fois plus élevé qu’ailleurs dans le pays.
Photo © Yuri Kozyrev / Noor pour la Fondation Carmignac

Toujours plus de croisiéristes viennent admirer la naissance des icebergs dans la baie de Disko, sur le littoral ouest du Groenland. En 2017, l’île danoise a accueilli un nombre de touristes (84 000) largement supérieur à sa population (57 000 habitants).
Photo © Kadir van Lohuizen / Noor pour la fondation Carmignac

Glaciologues, experts du permafrost… La station de Ny-Ålesund, sur l’île du Spitzberg, en Norvège, accueille depuis 1966 des spécialistes mondiaux du dérèglement climatique. Deux fois par jour, les chercheurs utilisent ce type de ballon pour recueillir des données météo.
Photo © Kadir van Lohuizen / Noor pour la fondation Carmignac
La présentation des deux photographes dans le dossier de presse du prix Carmignac :
Yuri KOZYREV. Photojournaliste depuis 25 ans, Yuri Kozyrev (Russie, 1963) a été témoin de nombreux évènements qui ont changé le monde. Il a commencé sa carrière en documentant l’effondrement de l’Union soviétique, capturant les changements rapides de l’ancienne URSS pour le LA Times dans les années 90. En 2001, Yuri commence à couvrir l’actualité internationale, travaillant en Afghanistan et en Irak en tant que photographe indépendant pour Time Magazine. Depuis 2011, Yuri documente les «révolutions arabes» et leurs conséquences au Bahreïn, au Yémen, en Tunisie et surtout en Egypte et en Libye. Yuri a reçu de nombreuses distinctions pour ses photographies, dont plusieurs World Press Photo Awards, le prix Oliver Rebbot de l’OPC, le prix ICP Infinity Award for Photojournalism, le Frontline Club Award, le Visa d’or News et le Prix Bayeux-Calvados, et il a été nommé Photographe de l’année 2011 dans le cadre du concours international Pictures of the Year. En 2015, Yuri a également couvert le conflit dans l’Est de l’Ukraine ainsi que la crise des migrants en Europe.
Kadir van LOHUIZEN (Pays-Bas, 1963) a couvert les conflits en Afrique et ailleurs, mais il est surtout connu pour ses projets à long terme sur les sept fleuves du monde, l’élévation du niveau des mers, l’industrie du diamant et la migration dans les Amériques. Kadir a reçu de nombreux prix et récompenses dans le domaine du photojournalisme. En 2000 et 2002, Kadir a été membre du jury du concours World Press Photo et fait actuellement partie du conseil de supervision de la World Press Photo Foundation. Kadir est conférencier et également professeur de photographie basé à Amsterdam.